Hermès & Aphrodite, le défi de la dualité humaine

Les étudiants de l’UNARTE ont laissé libre cours à leur imagination sous la direction d'Unda Popp, leur professeur coordinateur

Les deux faces d’une pièce ? Yin et Yang ? Homme femme ? Séduction ou pouvoir ? La collection travaillée cette année par les étudiants de l’UNARTE, sous la direction du Prof. Dr. Unda Popp, nous a mis au défi sur la dualité de la nature humaine, juxtaposant des éléments conventionnels du costume femme-homme dans un jeu audacieux. Les couleurs, les volumes, les accessoires et les contrastes nous font penser à des cartes à jouer dans lesquelles les moitiés étaient mélangées. La collection Hermès et Aphrodite est un exercice d’upcycling, à travers lequel des vêtements avec une certaine signification rentrent dans un circuit quotidien, dépouillés de leur signification originelle.

Nous avons parlé à Unda Popp pour découvrir l’histoire de tous ces défis.

« Ce qui reste au vêtement pour communiquer aujourd’hui, c’est la personnalité et le fantasme de l’individu »

CCIFER: Vous avez étudié l’histoire du costume. Quand il s’agit de mode, y a-t-il des limites ?

UP: J’ai appris l’histoire du costume, une discipline que j’enseigne aussi. Et nous avons vu comment l’image humaine résonne non seulement avec l’ensemble du phénomène culturel de son époque, mais surtout qu’au niveau des vêtements, on peut observer les changements les plus rapides et les plus sensibles produits dans la société.  La mode en tant que phénomène interdisciplinaire explore les domaines les plus variés.  Aujourd’hui, les créateurs de mode sont des challengers, ils luttent contre les barrières culturelles entre l’Est et l’Ouest, ou des philosophes parlant de la condition humaine, ou des poètes manipulant des hologrammes fragiles, ils sont des inventeurs de matériaux et de solutions techniques difficiles à imaginer, ils sont des réalisateurs de performances grandioses, poursuivies par tout un monde, ce sont des visionnaires inventant des images d’un dramatisme troublant ou d’une atmosphère délicieuse. La mode semble avoir des possibilités infinies de manifestation et d’approche, c’est pourquoi tant de gens sont attirés par ce domaine.

CCIFER: D’où partez-vous lorsque vous abordez un thème d’une collection ? Dites-nous quelle était la base de la collection « Hermès et Aphrodite » ?

UP: De mon point de vue, les sujets proposés aux étudiants doivent être aussi actuels et passionnants que possible. Ils partent du phénomène complexe de la mode d’aujourd’hui et sont basés sur l’étude de l’histoire du costume et de l’image humaine - considérée comme une forme d’expression de l’identité, mais aussi de la créativité, et comme un moyen de communiquer les messages les plus divers. Au XXe siècle, la démocratie a atténué les différences d’image entre les peuples. Peu à peu, les vêtements ne signalaient plus la nationalité, la religion et la profession, l’état social n’était plus communiqué à travers l’image du costume, et la richesse n’était plus affichée (l’affichage de bijoux coûteux et de manteaux de fourrure sont des faits considérés aujourd’hui de mauvais goût), puis les vêtements égalisaient autant que possible les différences d’âge.

Aujourd’hui, la dernière barrière effacée, celle entre les sexes masculin et féminin, est encore intensément controversée.  Se demandant sur la nécessité d’afficher une image différente des genres, et rappelant aux élèves la légende de la Nymphe Salmacis, c’est ainsi que le projet Hermès et Aphrodite est né. Dans la mythologie grecque, Hermaphrodite était le fils d’une rare beauté d’Aphrodite et d’Hermès. La légende dit que la nymphe Salmacis tombant amoureuse de lui a supplié les dieux d’unir leurs corps pour toujours. Son souhait a été exaucé et un être fabuleux des deux sexes en a résulté. Les élèves devaient réaliser une tenue mi-masculine, mi-féminine, dans le respect de la convention actuelle (l’homme porte un costume avec un pantalon et la femme une robe).  On avait insisté sur la différence entre les deux silhouettes, lui avec ses épaules larges et elle avec une taille fine et des hanches prononcées. Le contraste chromatique a été utilisé, le costume masculin est noir foncé, ou gri, la robe est de couleur claire. Chaque étudiant a fait le costume sur ses dimensions, en regardant les changements d’image produits lorsque la tenue est habillée par une femme ou un homme. J’ai recommandé l’utilisation de vêtements d’occasion, ce qui a permis l’expression rapide des idées.

CCIFER: Que pouvez-vous nous dire sur vos étudiants (UNARTE) qui ont fait naitre ces collections grâce à leurs idées ?

UP: Les étudiants de la section Mode (UNARTE) sont (comme vous pouvez le voir) talentueux, créatifs et beaux, capables de transformer les idées les plus folles en réalité. Ils ont un programme intense et très varié offert par une équipe d’enseignants qui préparent les jeunes au changement spécifique dans le domaine, car ce qui reste au vêtement pour communiquer aujourd’hui, c’est la personnalité et le fantasme de l’individu. Pour cela, des repères culturels, un goût éduqué et la maîtrise des moyens de transposer les idées souhaitées dans l’image sont nécessaires.

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