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Entretien avec Yann Frollo de Kerlivio, Directeur Business France Roumanie

Quelques mots sur la relation Business France et la CCIFER depuis votre arrivée en Roumanie ? 

La relation qui lie le bureau Business France de Bucarest et la CCIFER s’est considérablement développée depuis mon arrivée en Roumanie il y a quatre ans, avec la mise en place de nombreux projets conjoints et la création d’une réelle synergie entre nos deux structures. 

Soutenir les entreprises dans leur développement à l’export consiste, notamment, à organiser des missions collectives. Business France et la CCIFER ont, à ce titre, organisé plusieurs évènements d’envergure : de secteurs comme l’industrie aéronautique l’an dernier à celui des villes durables plus récemment, par exemple. En unissant leurs compétences et savoir-faire, les équipes de Business France et de la CCIFER ont ainsi permis aux entreprises françaises d’approfondir leur connaissance de ce marché en participant à des colloques mais aussi, et surtout, de tisser des relations professionnelles par le biais de rendez-vous d’affaires personnalisés systématiquement organisés sur ce type de mission.

Les synergies déployées entre Business France et la CCIFER ont également permis aux entreprises françaises de poursuivre, à titre individuel, leur développement en Roumanie en s’appuyant sur l’expertise de la Chambre et de ses membres. En travaillant conjointement à la mise en place de leurs projets de développement international, de la phase de découverte du marché jusqu’à l’implantation, Business France et la CCIFER œuvrent de concert pour la réussite de nos entreprises dans le pays. L’hébergement de plusieurs VIE au sein de la CCIFER est un bon exemple de cet effort commun.

En 2019, ce travail en commun sera encore renforcé au travers de la saison croisée France-Roumanie qui verra un certain nombre d’événements économiques et commerciaux dédiés préparés par la CCIFER, Business France mais aussi l’Institut français et, plus généralement, l’Ambassade de France dans toute ses composantes.

 

Pourquoi la Roumanie est un pays d’intérêt pour la France ? 

A moins de 3h de Paris, la Roumanie reste souvent un pays mal connu alors même qu’elle est le deuxième marché d’Europe centrale et orientale avec près de 20 M d’habitants. Idéalement positionnée au croisement de l’Europe, du Proche Orient et de l’Asie centrale, la Roumanie a connu une très forte croissance : en 2017 ; elle a ainsi enregistré le deuxième plus fort taux de croissance du PIB en Union Européenne à 6,9% (4,8% en 2016). Si elle n’est pas - encore - membre de l’espace Schengen, la Roumanie, en qualité de pays membre de l’Union européenne, n’impose pas de droits de douanes et affiche un alignement de sa règlementation sur celle de l’UE. 

Réel moteur de l’Europe centrale et orientale, la Roumanie a également su attirer de nombreuses entreprises et investisseurs étrangers (le stock d’IDE atteint 70,1 Mds d’EUR en 2016), motivés par le dynamisme de son économie et la richesse de ses opportunités. 

Les entreprises françaises ne s’y sont pas trompées : l’Hexagone est aujourd’hui le 5ème investisseur en Roumanie, dans tous les domaines d’activité, et demeure le 5ème fournisseur. L’affinité historique qui unit la France et la Roumanie participe activement au succès des relations bilatérales, tant sur le plan économique que culturel. La tenue, en 2019, de la saison croisée France-Roumanie en est un bon exemple et doit constituer un catalyseur de la relation d’affaires entre nos deux pays. 

De surcroit, une proximité culturelle certaine permet aux entreprises françaises de pouvoir bénéficier d’une bonne image de la part de la population roumaine : un produit accepté en France sera accepté en Roumanie. Très francophiles, les Roumains sont également francophones : près de 20% de la population a appris le français, même si l’anglais a aujourd’hui pris le dessus. 

La forte hausse de la demande interne et de la consommation des ménages, la modernisation du pays et les efforts de la Roumanie en termes d’intégration et de convergence vers les standards de l’Union européenne sont autant de signaux positifs pour nos entreprises souhaitant se développer sur ce grand marché d’Europe orientale, source de nombreuses opportunités.

 

Quels sont les secteurs qui offrent le plus d’opportunités d’export aux entreprises françaises ?

La Roumanie, est avant tout un pays marqué par une forte tradition industrielle : l’industrie représente près de 25% de son PIB et emploie plus de 30% de la population active. Ce secteur phare de l’économie roumaine est dominé par la filière automobile, qui concentre à elle seule 13% du PIB, menée par Renault Dacia et Ford qui ont drainé dans leur sillage plus de 600 équipementiers dont les français Michelin, Faurecia, Valeo, Hutchinson…etc.

L’aéronautique également, avec un bassin spécialisé situé autour de la ville de Brasov en Transylvanie, regroupe une trentaine de sociétés pour un marché estimé à plus de 500 M EUR. L’aéronautique roumaine concentre de grands producteurs (comme Airbus) et fournisseurs de pièces d’aérostructures, moteurs…etc.

Mentionnons encore un secteur énergétique dynamique, en forte croissance, pour augmenter l’indépendance énergétique du pays (en 2017, la Roumanie n’importait que 21% de l’énergie qu’elle consommait ; le pays est - pratiquement -  autosuffisant dans le domaine énergétique), développer sa capacité en énergies renouvelables et nucléaire, et moderniser des réseaux, souvent dégradés.

La Roumanie, est également une terre agricole : ancien grenier à blé de l’Europe, elle est aujourd’hui le 8ème producteur agricole européen. Le secteur agricole, qui représente 4,4% de son PIB, emploie plus de 20% de sa population. C’est un pays de grande culture avec quelque 8 M d’hectares de terres arables où les opportunités sont nombreuses. Du matériel agricole à l’élevage, le secteur regroupe des exploitations de taille conséquente (plusieurs dizaines de milliers d’hectares) mais aussi un grand nombre de petites fermes « à l’ancienne » dont certaines souhaitent « franchir le pas » pour devenir de véritables exploitations au sens commercial du terme. Aussi, l’agriculture a besoin de se moderniser avec des équipements pour le travail du sol, des semoirs, des intrants, engrais et produits phytosanitaires, mais aussi du matériel pour l’élevage, offrant ainsi des débouchés intéressants pour les entreprises françaises spécialisées.

Le secteur tertiaire représente, quant à lui, 2/3 du PIB roumain et emploie près de la moitié de la population active. Le tourisme s’y développe fortement avec le renforcement local de plusieurs chaînes internationales. Le développement des nouvelles technologies également, est un vecteur de croissance important avec un secteur IT très performant (la connexion internet y est la plus rapide de l’UE) regroupant quelque 8 000 entreprises. Disposant d’un grand nombre de techniciens, ingénieurs certifiés IT hautement qualifiés, informaticiens… la Roumanie mérite, à juste titre, son surnom évocateur de « Silicon Valley de l’Europe ». C’est aussi un pôle de BPO pour des entreprises bien connues comme Oracle, Accenture, HP et tous les grands fournisseurs de services.

Le domaine de la santé, est lui aussi porteur et connait une croissance à 2 chiffres grâce au développement des cliniques privées. Près de 90 % des besoins en dispositifs médicaux sont couverts par des importations de matériels venant d’Allemagne, des Pays-Bas, de Chine, de Belgique, d’Italie et de France. Le secteur est très porteur mais la concurrence est forte : il faut se « démarquer ».

Enfin, l’augmentation de la consommation intérieure, qui tire la croissance vers le haut, est prometteuse pour les biens de consommation en général, y compris sur des secteurs de niche, premium-haut de gamme, que plébiscite une frange de la population, urbaine surtout.

 

Quelques mots pour la CCIFER

Alors que je quitte la Roumanie cet été, je fais le vœu que l’excellente relation tissée ces dernières années entre les équipes de la CCIFER et celles de Business France se poursuive pour un continuum d’accompagnement toujours meilleur des entreprises françaises.

Cette coopération, qui s’inscrit aujourd’hui, dans le déploiement de la « Team France Export », mise en avant par le Gouvernement français, doit, à l’avenir, continuer de s’exprimer au travers de la réalisation d’actions communes au bénéfice des sociétés françaises. 

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